J’avais monté un premier groupe qui s’appelait DDP : De la Destruction Pure (rires)… Ça a duré de 77 à 79. Mais tout était très imbriqué parce que, en même temps, j’ai créé la revue Cée. Ce titre venait du suffixe grec (que l’on retrouve dans des mots comme gynécée) qui signifie « lieu, ici ». Et puis « Cée éditions » ressemblait à « sédition », ou pouvait aussi signifier les « Colères Errantes de l’Europe »… A cette époque, par l’activité de la revue, j’ai découvert Stanislas Rodanski. C’était un très grand poète, né en 1930, très actif à partir de 48. Il a fait partie du mouvement surréaliste d’après-guerre, en a été exclu pour « activités fractionnelles » et, en 54, il est entré définitivement à l’hôpital psychiatrique de Lyon. Un type très énigmatique, dans la mesure où il est entré en HP comme d’autres entrent au couvent : pour se retirer totalement, parce que toutes les clés de communication avec le monde social étaient caduques. Son livre, La Victoire à l’ombre des ailes, n’a été publié qu’en 75 par les éditions du Soleil Noir (réédité ensuite par Bourgois) : dedans, il y a une espèce de réverbération du récit cinématographique, une visibilité des mots… C’est passionnant et ça revisite beaucoup le cinéma. Après la lecture de Rodanski, le cinéma prend une autre dimension. Son film fétiche était d’ailleurs Horizons perdus (de Capra). Après avoir beaucoup travaillé à la propagation de Rodanski, la revue s’est arrêtée en 79, après sept numéros. Dans nos sommaires, il y avait aussi eu des gens comme Burroughs, Bernard Noël, Jean-Christophe Bailly, Claude Pélieu…
Extrait d’une interview publiée sur le site des Inrocks, consultable en intégralité ici.
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