Les meubles comme les objets étaient chez moi des idées fixes dans leur immobilité sur qui le temps n’avait pas de prise. Comme si le jour, comme si la nuit n’avaient prise sur mon esprit. A vrai dire j’y avais instauré la nuit chaste de Novalis, j’y rêvais des songes que peuvent avoir les désincarnés (cf. Henri d’Ofterdingen).
J’y avais dressé un autel à la Vigilance, mes livres étaient des insomnies, des aigrettes de flammes dardaient des images des murs quand on les regardait. Je m’étais autant que possible conformé à la disposition morale évoquée par la gravure de Henry Kunrath : « Laboratoire Oratoire ».
J’avais aménagé le sommet des armoires avec des chaises, des guéridons, si bien que l’on y pouvait reposer suivant les trois dimensions de la pièce.
Extrait de « J’avais alors dix-huit… », Opus-International, numéro spécial « André Breton et le surréalisme international », n° 123-124 (avril-mai 1991), p. 178. [les illustrations sont évidemment ajoutées]
Dans sa lettre à Alain Jouffroy accompagnant ce texte en vue de sa publication dans Opus International, Jacques-Elisée Veuillet précise : « Le texte de Stan a probablement été écrit fin 47 ou début 48 » (ibid., p. 176).
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