lundi 31 mai 2021

Un soleil trop noir


 
A quatre mois d’intervalle (janvier et mai 2021) disparaissent deux hommes pour qui Stanislas Rodanski a véritablement incarné le soleil noir de leurs jours si nocturnes. Ils étaient encore à distance de la cinquantaine, et ces disparitions prématurées peuvent être ressenties comme scandaleuses, Cédric Demangeot a fondé les éditions fissile, aux aguets d’une poésie âpre comme les Sonnets de la mort de Bernard Noël, lui aussi disparu récemment, en écho à ceux de Jean de Sponde (XVIème siècle), vénérés et recopiés par Rodanski. Ses poèmes ont l’acuité d’une lame de rasoir. Il est l’auteur de “Stanislas Rodanski ou le prisme noir” qui fut édité, en 2002, dans une revue d’une grande simplicité de présentation (des feuilles A4 pliées en deux), Postscriptum. Olivier Cabière, qui avait collaboré avec François Di Dio et entendait poursuivre son travail, avait illustré ce texte de deux portraits de Stan, d’une grande et épaisse noirceur. Jacques-Elisée Veuillet, déjà affaibli par la maladie, me fit le rencontrer et notre passion commune pour Rodanski a immédiatement créé le lien. Cabière créa les éditions L’arachnoïde et publia, joliment, La Nostalgie sexuelle. Si l’édition du Cours de la liberté souffre de quelques négligences, elle sont dues au fait que Rodanski a laissé plusieurs versions de son texte et que Cabière, trop démuni pour se rendre fréquemment à Paris, n’a pu les collationner. Il se rattrapa en publiant un choix de rêves parmi les cinq cahiers que Rodanski avait remplis durant son internement à l’hôpital de Villejuif.

François-René Simon

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