mercredi 15 mars 2017

Rodanski dans la correspondance Breton-Tarnaud en 1948


Une récente vente aux enchères (Galateau-Pastaud, 21 février 2017) a vu passer un ensemble de lettres d’André Breton à Claude Tarnaud, datant des années 1947-1948, certaines plus particulièrement relatives à la réalisation de la revue Néon, dont Rodanski fut l’un des membres fondateurs et trouva le titre.



D’Antibes, le 7 février 1948, Breton félicite Tarnaud : « Bravo encore pour « Néon » et la part que vous y avez prise, pour ma part, je ne me sais un peu gré que d’avoir insisté pour que « l’éclosion du tu » n’y sois pas privée de sa partie centrale rayonnante […] Avec Matta je crains fort que la confusion idéologique la plus complète ne s’installe en reine sur le pavé de la dernière ville du monde. Bataille entre autres, après son dernier texte de Critique me paraît de moins en moins défendable. […] Alain Jouffroy m’avait communiqué ses derniers textes (splendides). » Puis le 24 février suivant, Breton donne à Tarnaud des nouvelles de Rodanski, qui lui a écrit : « J’ai reçu hier une lettre de Rodanski tristement timbré d’une prison de Lyon. Je m’en désole pour lui ». Depuis fin janvier, Rodanski est en effet retenu à la prison Saint-Paul de Lyon (voir ici). Breton poursuit : « Il faut absolument que vous teniez tête autrement dans dix ans – à supposer d’une manière toute gratuite que ces dix ans de conscience nous soient encore données, regardons du côté de Prague aujourd’hui, ils en seront encore à taxer d’hitlérisme ou de pis encore (leurs ressources sont insoupçonnables) ». En mars, toujours à Antibes, Breton réitère ses félicitations mais apporte également quelques critiques : « Le numéro de Néon m’est parvenu hier. Je voudrais n’avoir à en dire qu’une chose : c’est qu’il est vraiment superbe à ouvrir (Heisler s’est surpassé) et que, sur le plan de l’écriture les collaborations de Mabille, Magloire Saint-Aude, Jouffroy, Demarne, Baskine, Duits, marquent tout le renouvellement désirable. […] Je trouve absolument inadmissible que Julien Gracq soit attaqué dans le journal à propos d’un livre qu’il m’a consacré. Vous même me disiez tout récemment combien vous admiriez « Liberté grande » ». Un télégramme, dont la date n’est pas donné dans le catalogue, indique que les remarques de Breton ont été suivies : « Rectification parfaite. Affection. Breton ».

Dans la même vente, un texte de Jouffroy offert à Tarnaud et plusieurs œuvres et livres de ce dernier étaient également mis à l’encan.

(illustrations et citations des textes proviennent du catalogue de vente en ligne désormais indisponible sur le web)

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