Élie-Charles Flamand, 25 décembre 1928-25 mai 2016
(ici avec Rodanski, à Lyon, années 50)
Bien cher Stan, mon ami Stanislas Rodanski, maints souvenirs de toi remontent souvent avec émotion du fond de ma mémoire. Je nous revois, lors de mes séjours à Lyon alors que j’étais déjà fixé à Paris, dans nos errances nocturnes, sillonnant le labyrinthe de la ville endormie. Tu me faisais alors le présent de tes longs monologues d’un fulgurant lyrisme, s’y enchaînaient les récits de ta quête du ténu, de l’inaccessible, les éclats de la création spontanée d’une mythologie personnelle qui donnait visages chatoyants à l’Amour et à la Mort et au Temps, le désir farouche de franchir toutes limites et tantôt de se tenir sur la fine pointe de l’extrême, tantôt d’être, comme tu l’as magnifiquement écrit : « la balle au bond d’un instant de liberté ». Ces traversées de nuits embrasées se terminaient dans quelques boîtes de nuit un peu louches où nous nous enchantions mélancoliquement des voix rauques de chanteuses sans espoir.
Lire la suite des "Souvenirs sur Stanislas Rodanski" d'Élie-Charles Flamand (paru initialement in Supérieur Inconnu (2007), repris in Propos mosaïqués, en ligne, p. 201-205).
Stanislas Rodanski photographié par Élie-Charles Flamand à l'hôpital Saint Jean de Dieu de Lyon, à la fin des années 1950.